Chapitre 9 : Nourrir Taz

Pour le moment, j’ai bien conscience de ne pas avoir grand-chose à vous raconter sur la vie (qu’on imagine pourtant trépidante) de Caouette, chouette petit haricot de 1 mois déjà. Faut dire qu’il ne me donne pas encore beaucoup de signes de son existence. Hormis les nausées de sa mère, mais comme moi ça va, j’me rends pas bien compte (“le salaaaaauuud” feulent les mamans internautes outrées). Et pour l’instant, sa maison n’est pas encore vraiment sens dessus dessous, vu que ma Belle se laisse gentiment pousser le sac banane, encore très discret.

Surtout, il a le désavantage d’arriver en deuze. Ce qui fait qu’on a déjà donné niveau prise de tête pour : la chambre, le lit, les meubles, les fringues, la poussette, dégager mon PC/mes guitares/mes BD, acheter le catalogue Ikea. Heureusement pour notre quotidien, qu’on pourrait du coup imaginer bien tranquille, Minus veille.

Et des idées pour se faire remarquer, il n’en manque pas.

Minus, c'est l'heure de mangeeeer !

Par exemple, le repas du soir, c’est un peu le mélange entre Survivor niveau tension et Le plus grand cabaret du monde (sans Patrick Sébastien) pour le plaisir du spectacle. Un soir sur deux, Minus refuse de manger. Sa technique pour nous foutre en pétard, il la maîtrise sur le bout de ses p’tits doigts roses : je tourne la tête au dernier moment et – ô joie – éventuellement fiche la cuillère par terre. Je me mets debout dans ma chaise haute et – ô suprême délice – prend énormément de plaisir à découvrir la mine déconfite de ma mère. Enfin, en cas d’extrême urgence, je me jette en arrière et – ô aïe – me cogne et m’effondre en larmes.

On a tout essayé : la colère, les menaces, manger à sa place, les coups de bottin, les peluches, lui filer sa cuillère à lui… Sans grand succès. Il n’y a qu’UN seul truc qui ait marché correctement ces temps-ci, c’est Daddycool dansant et chantant dans le salon : le Minus hypnotisé en ouvre son bec, avale sa purée en se marrant et vogue la galère. Donc là, il faut imaginer la scène : il est 20h, la nuit est tombée, tout notre voisinage peut nous voir à travers les fenêtres du salon (on habite la ville) et y’a une espèce d’andouille en train de gesticuler et visiblement de brailler à tue-tête devant sa femme dans le canapé (qui en fait donne cette *$*$^¨^ù de purée).

La honte.